S’en sortir

Long, complexe que de retrouver foi en soi. Que d’efforts pour que l’énergie renaisse, vous pousse à nouveau de l’avant, nous explique Asya, conseillère pour le Centre de Réhabilitation à Moscou.
Ces femmes qui ont survécu à la rue ont subi un choc émotionnel très important. Sans parler des atteintes physiques imposées par cet environnement néfaste.

La rue
Culpabilisées, les sans-abries acceptent plus difficilement de recevoir de d’aide, constate Evgenia Kuziner, sociologue et chercheuse stagiaire au Center for Youth Research de la Higher School of Economics.
La raison, ces femmes se sentent, en général, plus honteuses de leur statut social que les hommes, souligne Evgenia Kuziner. Beaucoup pensent être coupables de ne pas avoir été à la hauteur de leurs propres espoirs et des attentes de la société, épouses-mères-femmes au foyer. Elles ont une forte tendance à estomper ces perceptions négatives par l’alcool, la drogue.

Se structurer
Depuis un an, Asya, ancienne toxicomane, aide les femmes sans-abri hébergées au Centre.
Le matin et le soir, la conseillère organise des réunions. Elles sont obligatoires et pas question d’arriver en retard.
La discipline est stricte pour ces femmes du fait qu’elles n’ont plus aucun repaire, explique Asya. Cela leur permet de retrouver progressivement une structuration personnelle.
Le matin, nous partageons nos émotions du moment, nous lisons les journaux intimes de chacune, mais sans connaître leur autrice. Chacune d’entre nous réagit à haute voix sur chaque texte lu. On apprend aussi à se connaître, à respecter ses limites et celles d’autrui.
Nous essayons, elles et moi, de créer, tous les jours, une atmosphère apaisée, même si l’on s’est levé du mauvais pied. Là aussi c’est important que l’environnement soit chaleureux et sécurisant, explique encore Asya. Pour clore la cession, nous enchaînons avec nos projets de la journée. Nos sans-abries apprennent ainsi à gérer le temps.

Un long processus
Le soir, en commençant la deuxième session, nous exprimons notre gratitude de ne plus être dans la rue. Cela nous aide à voir les bons côtés de la vie et à prendre conscience de nos propres efforts et réussites, même modestes, dans un quotidien totalement sobre.
Nous nous racontons les événements de la journée sous une forme spécifique. Par exemple, nous décrivons comment les émotions, agréables et désagréables, se sont manifestées dans le corps.

Lors de la réunion hebdomadaire, les femmes lisent, ce que j’appelle des “textes de base”. Des ouvrages spécialisés qui exposent les principes de la vie en communauté, des informations sur la dépendance et des témoignages de personnes en voie de guérison. Une partie importante de la réunion est la discussion ouverte, où ces femmes partagent leurs sentiments induits par ces lectures, souligne Asya.

Un partage rassurant
Le partage de leurs émotions permet de montrer qu’elles ne sont pas seules avec leurs perceptions, leurs angoisses. Que ces sentiments sont aussi vécus par les autres intervenantes. Ce partage renforce la cohésion du groupe, rassure les participantes.
Nous leur demandons de ne pas rester seules avec leurs difficultés. Car les peurs évoquées ne sont plus des peurs, conclut Asya.

Etre sans-papiers sans-abri est une épreuve terrible. Elle l’est d’autant plus pour les femmes. Aidez-nous à leur donner une chance de s’en sortir.

Merci de nous soutenir, de nous permettre d’offrir plus d’humanité.
Important : malgré les embûches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre aide.

 

 

 

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