La fin de l’hiver ?

Maslenitsa débarque escortée de sa ribambelle de crêpes. Synonyme de l’arrivée du printemps, cette fête populaire est vivement attendue par les sans-papiers sans-abris.
Pour eux, plus que pour tout autre, bientôt l’hiver sera parti, les craintes d’y laisser sa peau aussi.

Sacrées friandises
A Saint-Pétersbourg, il est vingt heures trente, le Bus de Nuit vient de s’arrêter dans les environs de la gare Ligovo, (de Staro-Panovo), l’un des quatre stops de la distribution de vivre.
Une trentaine de sans-abris se sont alignés. Ils attendent la distribution des vivres, de la soupe chaude, et aujourd’hui, surtout, en guise de dessert, les tant attendues crêpes. Ou blinis, le nom donné aux crêpes en Russie.
Alors que les gelées blanches de février persistent, (moins 5° et neige ce soir), les blinis rappellent aussi la maison, les parents et les grands-mères, les beaux jours qui s’annoncent. Ils réchauffent, rassasient et ravissent. Et pas question que nos sans-abris en soient privés, souligne Igor, bénévole, qui accompagne cette maraude.

Le blinis, roi de la fête
Maslenitsa, comme bien des fêtes, a une double ascendance, païenne et chrétienne.
Du côté païen, c’est une fête héliocentrique, célébrant le départ imminent de l’hiver.
Son pendant chrétien annonce la dernière semaine avant le Grand Carême russe.
Son symbole est depuis toujours le blini, ce soleil comestible composé des ingrédients interdits lors du Carême orthodoxe : le beurre, les œufs et le lait.
La fête s’achève en apothéose, le dimanche soir, quand “Dame Maslenitsa” est déshabillée et brûlée en un feu de joie. Ses cendres sont enterrées dans la neige afin de fertiliser la terre. Peut commencer le “Grand Carême”.
La coutume veut que le premier blini soit destiné aux disparus ou aux mendiants, on en dépose un près de la fenêtre.

La tradition
Chaque année, Nochlechka organise, à Saint-Pétersbourg comme à Moscou, une importante collecte.
Apportez vos blinis, qu’ils soient sucrés, salés, épais, fins, farcis, troués, moelleux, faits maison, au restaurant ou acquis dans le commerce, avec ou sans garniture. N’hésitez pas, vous pouvez les servir avec du lait concentré, de la confiture, des conserves de fruits. L’essentiel est qu’ils soient frais, et si achetés, que l’emballage soit d’origine, que la date de péremption ne soit pas expirée. Toutes les sortes sont les bienvenues, informe Nochlechka.

L’année dernière, les Pétersbourgeois, les Moscovites, nous ont donné plus de 800 kg de crêpes.
Nous espérons que cette année, cette générosité ne faiblira pas, raconte Andrey Chapaev, coordinateur de projets humanitaires de Nochlechka.
Grâce à ces citoyens, nous avons battu tous les records de collecte : 700 kg de blinis à Saint-Pétersbourg et 116,5 kg à Moscou, ajoute, tout sourire, Andrey Chapaev.

Pour Nochlechka, cette célébration permet de sensibiliser la population à la terrible survivance des sans-abris. Elle est aussi une occasion de diversifier leur si modeste régime alimentaire. Et bien sûr, de dire symboliquement adieu à l’hiver, cette saison tant redoutée par celles et ceux qui l’affrontent dans la rue, conclut Andrey Chapaev.
Les blinis sont distribués aux arrêts des Bus de Nuit, à l’Abri de Nuit, aux Tentes de la Survie, aux Centres d’Accueil.

A Moscou, à Saint-Pétersbourg, ils sont plusieurs milliers d’hommes, de femmes sans-papiers sans-abris à survivre dans des conditions indignes. Ils ont besoin de notre aide.
Merci infiniment de votre confiance, continuez à soutenir notre travail.
Il sauve de très nombreuses vies.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer notre appui financier, plus indispensable que jamais

 

 

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