Rousian, le rêveur

Quoiqu’il arrive, la poésie me tire en avant, souligne, Rousian, 27 ans. Rousian en a bien eu besoin de sa muse créative pour survivre. Voilà déjà trois ans qu’il errait dans les rues de Saint-Pétersbourg.

Un parcours chaotique
Rousian est né et a vécu à Vladivostok. Après la 9e année scolaire, il abandonne ses études, il entre dans une école professionnelle qu’il ne termine pas. A l’âge de 23 ans, Rousian a travaillé nulle part. Rousian se promène, consomme de la drogue, vit au crochet de sa mère, qui, fatiguée de cette situation l’envoi à Moscou chez son père.
Rouslan s’envole vers la capitale où les relations avec le paternel ne se passent pas bien du tout, leur conception de l’existence diverge totalement.
Deux jours après son arrivé à Moscou, Rousian prend le premier train direction Saint-Pétersbourg.
Il a trois mille roubles en poche, 28 CHF, pas de quoi rêvasser.
C’est la rue.

Dure réalité
Je suis tombé de haut, raconte Rousian rencontré au Centre d’Accueil. Comme de nombreux jeunes hommes et femmes créatifs de tout le pays, j’ai toujours souhaité m’installer à Saint-Pétersbourg, Mais ce qui m’attendait dans la ville de mes rêves, n’était pas des maisons d’édition intéressées par ma prose, des lecteurs reconnaissants, mais un dur quotidien sans toit.
La perte de mes documents m’a plongé dans une situation désespérée, je ne voyais aucun moyen de m’en sortir.

Le sac à dos et les sachets de thé
Je me trouvais à la salle d’attente de la gare de Moscou. J’ai dû m’assoupir pas plus de quelques minutes et lorsque je me réveille, mon sac à dos, vieux et miteux, a disparu, avec mon passeport, un cahier pour écrire mes pensées, mes poèmes, un stylo, plusieurs sachets de thé et du sucre. C’est que je suis un homme oriental, je ne peux tout simplement pas vivre sans thé. Mais jamais d’alcool.

Un nouveau départ
Aujourd’hui, Rousian se balade avec un sac à dos tout neuf. Rousian a retrouvé un cahier, des sachets de thé, un passeport, un SNILS (sécurité sociale), et une carte bancaire, sur laquelle son salaire est transféré.
Rousian travaille à la journée sur un chantier, il transporte de lourdes charges et ne recule devant aucune tâche, même les plus exigeantes.
Je veux gagner des sous, non seulement pour me nourrir, mais j’économise petit à petit pour louer un appartement.
Pour le moment, je loge dans une auberge très bon marché, une chambre à la nuit.
En trois ans, je n’ai pas vraiment eu le temps de voir quoi que ce soit de la ville. Survivre ne s’apparente pas du tout au tourisme et même si vous croisez des endroits très connus à la ronde, vous ne les apercevez même pas, vous êtes dans votre monde, celui de ne pas crever.

Je ne suis pas devenu fou
Ce changement, je le dois à Nochlechka. Un sans-abri croisé dans la rue m’a parlé de cette organisation et je m’y suis rendu. Grand bien a été cette décision. Ils m’ont sorti de la rue, retrouvé les papiers sans lesquels je n’aurais pu dégoter un travail, louer cette chambre dans une auberge à un prix juste. Sans papier vous devez tout payer bien plus cher.
Ces épreuves ne m’ont heureusement pas dérangé l’esprit. Dans la rue c’est facile de perdre la boule.
Comme je vous l’ai dit, la poésie m’aide à m’échapper de cette cruelle réalité.
Evidemment, je continue d’écrire dans mon carnet des poésies, des sentiments, des impressions. Peut-être qu’un jour j’arriverai à les faire publier.

A Moscou, à Saint-Pétersbourg, ils sont des milliers de Rousian, notre tâche est immense, aidez-nous à sauver des vies.

Important : malgré les embûches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.

 

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