Le garde manger

Vyacheslav Rasner, sans-papier, nous confie que son régime alimentaire des dernières années provient des denrées périmées.
Il suffit de connaître l’heure à laquelle les produits sont bazardés nous explique-t-il.
Les cafés, les restaurants, les magasins jettent leur nourriture périmée. On y déniche aussi des conserves, du lait, du poisson, de la viande, du pain.

La nourriture périmée est celle des sans-abris
Un de ses compagnons d’infortune nous dit que des commerçants du marché  le payent en produits «non conformes», des légumes, du poulet, du pain après qu’il les ait aidés à décharger leur camionnette.
Vyacheslav Rasner ajoute:  les sans-domiciles qui ont trouvé une espèce d’abris plus ou moins permanent cuisent leur repas sur des tuiles chauffées.
Mais souvent dans la rue on mange cru et froid.
Pour les repas cuisinés il existe quatre centres administratifs, mais il faut payer. Autrement il y a le Bus de Nuit de Nochlechka.
Il y a aussi des organisations religieuses dont la plus connue l’Armée du Salut ainsi que l’Ordre de Malte.

Mais pour nourrir près de 60’000 sans-papiers, sans-abris, les associations de bienfaisances ne peuvent supplanter les poubelles et leur garde-manger.

Les petits-déjeuners de mon enfance
Vyacheslav poursuit: Il arrive aussi que des citoyens nous donnent quelques choses. Des jeunes comme des vieux. Cela me rappelle les petits déjeuners que mes élèves m’apportaient en classe du temps où j’étais professeur.
Il y a aussi cette femme généreuse et compatissante qui habite le  pâté d’immeubles voisins qui distribue du thé, du café.
De tels actes sont à jamais gravés dans ma mémoire. Ils m’aident à garder un peu de foi en l’espèce humaine conclut Vyacheslav Rasner.