Andrey Zelenin fut un spectateur assidu des théâtres de Saint-Pétersbourg, tant qu’il pouvait encore se l’offrir.
Aujourd’hui sans-papier, Andrey peut malgré tout poursuivre son rêve à distance, ou presque.
Il nous raconte :
Je vis à côté du théâtre Maly que j’aperçois depuis le rebord de la fenêtre.
J’ai une chambre, mais je ne peux pas la laisser seule s’il y a quelqu’un dans l’appartement explique Andrey Zelenin, philologue, traducteur et sans-abri.
Avant, Andrey Zelenin dormait dans le sous-sol d’une bâtisse située dans l’île Vassilievski.
Et maintenant le voilà dans cet immeuble abandonné face au théâtre d’art et d’essai.
Il n’y fait pas froid, poursuit-il, même si le vent parfois s’engouffre sous la fenêtre.
Il m’est possible de me réchauffer près de la batterie électrique, si elle n’a pas été désactivée.
Peut-être était-ce Lev Dodin ?
Je me lève ver 06h50, je reste couché une heure ou deux, le temps que les gens partent.
Dans l’après-midi je vais à la bibliothèque.
Et s’il n’y a personne la nuit, je sors, je marche dans les rues.
Les gens, en fait, me traitent bien.
Certains plaisantent et m’appellent « le concierge ».
Il y a vingt ans le théâtre Maly était un lieu artistique d’importance que les acteurs vedettes d’aujourd’hui ne connaissent pas.
Même si actuellement je ne peux m’offrir une place, pour le moins je suis l’actualité théâtrale grâce aux affiches placardées et à la bibliothèque, j’y découvre les nouvelles œuvres.
L’autre jour, par la fenêtre, j’ai vu un homme barbu, peut-être était-ce le metteur en scène Lev Dodin.