C’est avec cette supplique que Grigoy Sverdeline, directeur de l’ONG Nochlezhka, a ouvert la conférence de presse consacrée aux sans-abris affrontant l’hiver de Saint-Pétersbourg.
En effet, année après année, les victimes de la mort blanche se comptent par centaines. L’hiver dernier a emporté 1’194 êtres humains.
Face à l’indifférence des pouvoirs publics, pas besoin d’être devin pour pronostiquer une semblable catastrophe cet hiver.
Depuis 2007, Nochlezhka lance ce cris d’alarme, ameute les médias, interpelle l’administration et l’église. En vain.
Un désintérêt mortel
Et chaque année des centaines de personnes meurent de froid, des centaines restent invalides à cause des gelures et des amputations.
Leur tare ? Etre des citoyens russes sans papier dans leur propre pays.
Y a-t-il eu des changements pendant cette année, la ville est-elle prête pour l’hiver afin d’assurer une vie sauve aux SDF de la ville ?
Quels sont les quartiers où seront installés des centres chauffés municipaux, accessibles et sûrs ?
Existe-t-il des programmes de réhabilitation socio-juridique pour cette catégorie de citoyens ?
Par trois fois la réponse est non.
La ville ne possède toujours pas de système d’aide d’urgence efficace destinée aux sans-abris pour les mois d’hiver.
Pour l’été non plus.
Seules les trois tentes de Nochlezhka permettent chaque nuit à une soixante de personnes par tente de trouver un abri chauffé.
Une bureaucratie indolente
Et encore, malgré le fait que l’ONG pétersbourgeoise se charge de tout, demandant simplement aux autorités communales de mettre à disposition un terrain permettant d’accueillir la tente, même cela n’est pas évident.
Au mois d’août dernier, les responsables sociaux du district de l’île de Vasilievskij avaient donné leur accord, et cette semaine, alors que la tente allait être posée, ne voilà t-il pas que ces autorités renient leur engagement humanitaire prétextant un besoin de dernière minute pour ce lieus choisis.
Les négociations vont se poursuivre dans les bureaux alors que dehors les températures ont déjà chuté en dessous de zéro.