Les étrangers

Il n’a pas qu’en Suisse ou chez Trump que certains étrangers sont mal vus.
En Russie être étranger dans son propre pays est une tare.

Un homme fantôme
C’est le cas de Séraphin Kim.
Séraphin Kim travaille et vit avec sa mère dans un appartement loué. A première vue, il ne diffère pas de beaucoup de ses concitoyens. Le paradoxe est que Séraphin ne possède pas de documents (Propiska) qui pourraient prouver qu’il existe.

Le cercle vicieux
La grand-mère de Séraphin s’est retrouvée en Ouzbékistan après la déportation massive des Russes d’origine coréenne en septembre 1937. La mère de Séraphin est née à Yangiyer, une ville à une centaine de kilomètres de Tachkent, où on lui a donné le prénom de Lyudmila. Séraphin lui est né en 1994 à Saint-Pétersbourg et Lyudmila a échoué lors de sa demande de la nationalité russe pour son bébé. Lyudmila était citoyenne soviétique mais en 1991 elle a perdu ce statut. Elle ne s’est pas mise à jour à temps. .

Pour les Russes Lyudmila est toujours ouzbek. Cependant les autorités ouzbeks ne la reconnaissent pas, ils parlent de prescription ?!!! Pour les autorités russes même si Séraphin est né en Russie sa naissance n’existe pas puisque sa mère administrativement n’existe pas. Donc Séraphin n’existe pas.

Une volute de fumée
Un labyrinthe, que Lyudmila essaye de briser depuis de très nombreuses années en voulant légaliser son fils. Le service de migration lui a proposé de renoncer à ses droits maternels au bénéfice de sa sœur, qui elle a la nationalité russe. Lyudmila en a parlé aux fonctionnaires de la protection sociale qui ont été des plus surpris par cette proposition en lui rétorquant « mais comment pourrions-nous faire cela puisque vous existez moins que la fumée ? »
Un des derniers espoirs serait que Séraphin, se rende en personne au service de l’immigration avec des témoins de son existence. Lyudmila prévoit de le faire dans un proche avenir.
Pendant ce temps, des nuages sombres s’accumulent sur le jeune homme, sans existence légale il risque de perdre son travail.