Tel le film d’ Olivier Nakache qui traitait de l’existence d’un tétraplégique, la pièce de théâtre de Michael Patlasov retrace une autre frange de l’humanité rejetée par la normalité, celles des citoyens russes sans-papier, sans abri.
Mercredi dernier, 30 mars, en l’Eglise luthérienne de Sainte-Anne de Saint-Pétersbourg a eu lieu la première de ces « Intouchables » devant un nombreux public.
La pièce est basée sur des histoires vraies, celles des sans-abris que le dramaturge a rencontrés par le biais de Nochlezhka, que ce soit lors de la tournée du Bus de Nuit ou dans le Centre d’Accueil.
Tous des êtres humains
«Nous avons mis l’accent sur des histoires positives nous explique le réalisateur Michael Patlasov une fois le rideau tombé.
Je me suis attaché à des histoires de réhabilitation interne, lorsque plongé dans une horreur totale le sans-abri commence à revivre.
Dans cette pièce il y a une histoire d’amour … Les deux héros se rencontrent chez Nochlezhka, l’amour les aide à s’abstenir de l’alcool, de construire des plans pour l’avenir … Nous avons un héros Gennady, qui est maintenant en cours de réhabilitation et dit que son quotidien est plus facile lorsqu’il parle de sa déshérence.
Et l’on dirait que cette pièce a un effet direct sur le public, presque mystique, car comment expliquer qu’il pleurait à la fin ?
Le public pleurait parce qu’il était devenu complice, proche, de ces sans-abris, ils étaient tous des êtres humains »
Combattre l’ignorance
Les acteurs professionnels participant à cette œuvre sans but lucratif viennent du BDT, Alexandrinsky Theatre. Ils ne reçoivent pas de salaire.
La réalisation des décors a pu être financée par des dons et via le crowdfunding.
Michael Patlasov ajoute : « Le sans-abrisme touche du mythe ou plutôt de cette ignorance sociale qui permet tous les phantasmes à l’encontre de ces personnes.
L’ignorance de la société à leur sujet doit être combattue et c’est le sens de cette pièce de théâtre, permettre une sensibilisation.
Seul l’art est capable de cette interaction entre la réalité et le public, qu’il remette en question son attitude à l’égard du sans-abrisme. »
Le sans-abrisme est un problème très complexe et multiforme« Grâce au travail de Michael Patlasov et de sa troupe il est possible de dépasser les stéréotypes et d’aborder sérieusement ce sujet, de voir en tous les sans-abris des êtres humains » conclut Gregory Sverdlin, président de Nochlezhka.