L’asservissement

L’impitoyable réalité, telle est ’histoire d’Olga Voronova, 44 ans, originaire de Biélorussie, de Vitsebsk plus précisément, rappelle à quel point il est difficile de survivre en Russie lorsque l’on n’a pas de papiers d’identité, où très vite cette situation se transforme en drame, où une certaine forme d’esclavage rôde.
En septembre 2014, Olga et Vladimir, son petit ami du même âge, sont abordés dans un café de Vitsebsk par un homme qui leur propose de travailler à Saint-Pétersbourg sur un chantier. A la clé, la promesse d’un permis de travail, d’un salaire correct et des conditions d’hébergement acceptables.
L’offre est tentante aux vues de la situation économique instable des deux amoureux. Ils acceptent et quelques jours plus tard, en compagnie de onze autres personnes, les voilà en route pour la Russie.

Un esclavage banalisé
Dès cette date, et jusqu’en janvier 2015, ils triment comme de beaux diables, toujours avec la promesse que demain sera le jour de paye.
Des baraquements plein de courants d’air aux conditions hygiéniques assez symboliques, une nourriture réduite au strict minimum, voilà pour le coucher et le couvert.
De lendemain en lendemain, ces circonstances désastreuses, cette absence totale de salaire, ces promesses jamais tenues finissent par accabler l’optimisme naïf d’Olga et Vladimir. Ils abandonnent cet esclavagiste véreux en l’espoir de trouver un quotidien plus tangible.
Mais sans papier vers quelles portes s’adresser ?
Et c’est tout de suite la rue qui les accueille avec le froid humide de l’hiver en prime.
La survie est des plus difficiles, Olga et Vladimir récoltent des bouteilles vides qu’ils vendent pour quelques kopecks.
Au détour de leurs pérégrinations, ils entendent parler de la Tente de la Survie, de Nochlechka, et s’y rendent après une longue marche à pied. La tente, par décision de la municipalité, a été montée à plus de quarante minutes du premier métro, à deux pas de la Baltique, dans le quartier de Vassilievsky.

Un abri chauffé
Dès lors, cet abri de toile leur sert d’abris chauffé.
Là, Olga et Vladimir, accompagnés d’autres victimes administratives privées de Propiska, reçoivent deux repas chaud, le souper et le petit déjeuner, une visite médicale hebdomadaire ainsi que des médicaments de première urgence. Deux assistants sociaux les accompagnent et ce sont des médecins bénévoles qui se chargent du suivi médical.
Pour l’instant, Olga et Vladimir continuent à croire en des jours meilleurs, qu’il leur est possible de trouver du travail à Saint-Pétersbourg, un logement décent aussi.
Nochlechka a beau leur expliquer que sans papier, c’est mission impossible, qu’en ces conditions, ils tomberont à nouveau dans les griffes de quelques négriers des temps moderne, que l’ONG russe est prête à les appuyer pour qu’ils puissent regagner Vitsebsk, rien n’y fait, c’est niet. Pour l’instant.