Dimitri, survivant du froid

Moins 19 degrés, et avec ce vent, c’est près de moins vingt-cinq que l’on ressent en ce début de soirée à Saint-Pétersbourg.
Bonne année à vous tous ! Et Joyeuse Nativité. Si ce n’était pas pour Lui, pour quoi vivrait-on ? Nous ne vivons que pour la vie éternelle, s’écrie Dimitri Nikolayevich.
Légèrement courbé, vêtu d’un pull chaud, le visage ridé, mangé par une barbe blanche, Dimitri ressemble, un peu, à Ded Moroz, à un père noël d’une carte de vœux du Nouvel An.

Ce matin, Dimitri s’est fait arracher son caban, et par des températures toutes en dessous de moins quinze, la survie n’est pas un vain mot.

Médecins en maraude
L’hypothermie le guette mais aussi des problèmes aux jambes, des ulcères, semble-t-il.
En cette nuit de janvier, les médecins bénévoles de Charity Hospital visitent la Tente de la Survie, et cela tombe bien, ils vont sauver la vie de Dimitri.
Yana, infirmière, enlève les vieux bandages aussi rigides que de l’écorce. De son côté, Vlada, chirurgienne, prépare son intervention.
La Tente se remplit d’autres sans-papiers sans-abris.

Comme sur un champ de bataille
Une cohabitation assez usuelle car impossible d’isoler Dimitri pour le soigner.
Il y a quelques années de cela, il arrivait même que des amputations soient “publiques” fautes d’espaces adéquats, fautes d’hôpitaux prêts à recevoir ces pauvres bougres.
Pour le moins, aujourd’hui, les urgences hospitalières sont dans l’obligation d’accepter tout un chacun, même s’il n’a pas de papier d’identité.
Ce n’est pas toujours aussi simple, il faut parfois insister lourdement pour que le patient soit reçu, souligne Yana.

Quelle dégringolade
L’intervention est terminée, Dimitri a conservé sa jambe.
Vous vous rendez-compte, sans ces deux femmes, je serais encore plus éclopé, de quoi crever rapidement en pleine rue, exulte un Dimitri, heureux de s’en être sorti.
Et dire que j’ai dirigé une grande entreprise de construction et de finition, j’ai bien vécu. Jamais je ne pensais pas que cela aurait pu m’arriver.
Suite à un accident de voiture, ma vie a été chamboulée, l’entreprise s’est effondrée, j’ai tout perdu, même mon identité administrative et depuis, je survis, avec comme tout refuge, des trous à rats.

Abandonnés à la mort
Voilà plus de trois ans que j’accompagne ponctuellement Charity Hospital, que je visite, entre autres, le Bus de Nuit de Nochlechka, ses Tentes de la Survie également.
Eh bien, je n’arrive toujours pas à comprendre comment un Etat est incapable de s’occuper de ses citoyens dans le besoin?
Et ne venez pas me dire que c’est parce qu’ils sont démunis de papiers d’identité.

C’est honteux, et même criminel en hiver.
Nous, citoyens lambdas, qui avons des lieux chauffés où nous réfugier, qui pouvons nous habiller adéquatement, nous souffrons quand même des morsures du froid.
Comment voulez-vous que ces sans-papiers sans-abris s’en sortent ?
Pas étonnant que l’on compte des centaines de décès dus au froid chaque hiver
, s’indigne Vlada.

Face à cette réalité, face à l’hiver meurtrier, aidez-nous à les sauver.

50 CHF Une nuit dans la Tente pour 10 personnes
100 CHF Une nuit dans la Tente pour 20 personnes
200 CHF Une nuit dans la Tente pour 40 personnes

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer notre appui financier, plus indispensables que jamais.

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