A la rue à 18 ans

Ksyusha arrive à Moscou à la recherche d’un travail. Elle a fui le giron familial et sa violence.
Quelques petits boulots, par-ci, par-là, mal payés vu son âge, Ksyusha loue des chambres miteuses, et puis, un jour, plus rien.
Ses très maigres économies fondent à tout allure, plus de travail, plus de logement, c’est la rue. Ksyusha vient d’avoir 18 ans.

Seule à Moscou
Dans la grande ville, je ne connaissais personne, je me suis retrouvée sans boulot, sans argent et sans liens sociaux. Enveloppée dans ma doudoune, prostrée sur un banc, j’étais incapable de manger à cause du stress et de la peur. Pas d’amis ou de parents vers qui se tourner pour obtenir de l’aide.
Il m’a fallu quatre jours pour me “réveiller”, revenir à cette terrible réalité, raconte Ksyusha.
Je n’avais plus de papier d’identité. Je les ai très certainement perdus lors d’un des nombreux déménagements que j’ai eus.
Pas le choix, il faut survivre, se débrouiller pour ne pas crever de faim, de soif. Les jours ont passé et il fallait réagir. J’ai découvert qu’une certaine Nochlechka distribuait de la nourriture à la station de trains des Trois Gares, alors j’y suis allée. Ils m’ont donné à manger, m’ont réconfortée et transmis l’adresse du Centre d’Accueil.

A l’aube
A quatre heures du matin, devant la porte du Centre, Ksyusha espère l’ouverture de 10h00.
Ce jour-là la météo automnale était clémente, raconte Tatyana Romanko, responsable du travail social chez Nochlechka Moscou.
Ksyusha nous a déclaré qu’elle est née dans un petit village près d’Irkoutsk, que ses relations avec sa famille étaient très difficiles, la violence régnait dans la famille. Dès l’âge de 13 ans, sur son temps libre, la jeune fille a été envoyée travailler comme serveuse. Malgré cet environnement toxique, Ksyusha était bonne élève. Le jour de résultats des examens d’Etat unifié, Ksyusha a fièrement annoncé à ses parents avoir brillamment réussi l’examen d’anglais avec 97 points sur 100.
Je voulais étudier la linguistique, dit-elle, mais ma mère ne m’a pas laissée. Comme serveuse j’avais économisé, en cachette, sous par sous. et dès que j’ai pu, j’ai pris la fuite avec tous mes papiers administratifs dans ma besace, ajoute Ksyusha.

Se reconstruire
Depuis un mois, nous aidons Ksyusha, elle voit nos psychologues pour qu’elle retrouve confiance en elle, puisse atténuer cette vilaine parenthèse, repartir d’un bon pied.
Déjà, ses papiers administratifs ont été restaurés, nous lui avons aussi trouvé un emploi dans une entreprise technique où elle travail au service d’assistance téléphonique.
Avec son salaire, Ksyusha loue une chambre à sept minutes du travail et fait désormais des projets pour l’avenir : elle souhaite poursuivre des études et passer son permis de conduire.
Elle s’est aussi inscrite comme bénévole au Bus de Nuit pour le nettoyage des ustensiles et des boilles, ces récipients pour la soupe.
Maintenant, Ksyusha va beaucoup mieux, explique encore Tatyana Romanko.

Mon plus grand souhait, c’est d’avoir un chaton, dormir un peu et vivre, vivre enfin, conclut Ksyusha.

Notre travail humanitaire est immense. Merci de continuer à nous soutenir.

Important: malgré le boycott bancaire, notre aide financière se poursuit.

 

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