Ils l’ont prénommé Ginger mais ne répond que si on l’appelle Kebab.
Il vit avec les sans-abris. Où est-il né ? On ne le sait pas.
Une mascotte contre le mauvais sort
Il y a bientôt trois ans, Ginger est venu rejoindre Alexeï.
Pour ne pas le vexer nous l’appellerons donc Kebab et cédons lui parole pour qu’il nous raconte son histoire.
« Les premiers jours je regardais le groupe d’hommes d’assez loin, on ne sait jamais avec eux. Je me rendais compte que chaque soir une camionnette venait, que les hommes se mettaient à la queue leu leu et recevaient de la nourriture.»
« Un jour, je me suis prudemment approché et ils ne m’ont pas rejeté, au contraire celui qui s’appelle Alexeï m’a de suite adopté, le reste du groupe aussi.»
Kebab, Alexeï et ses compagnons d’infortune survivent aux alentours de la gare de triage de Sortirovochnaia entourés de quelques bâtissent abandonnées et de barres d’immeubles fraichement érigées.
Kebab se plait au contact des sans-abris, il apprécie leur compagnie et celle-ci le lui rend bien.
Kebab est notre mascotte, notre fétiche qui nous défend contre le mauvais sort» nous explique Alexeï.
« Et c’est vrai », ajoute Alexeï, « depuis que Ginger est là, notre situation n’a pas empiré.»
Le pâté aux cornichons
Kebab : « Pour la nourriture je ne suis pas très difficile, comme mon maître je me contente de ce que je trouve mais J’ai un petit faible pour le pâté aux cornichons. A vrai dire j’en raffole. Ce sont les volontaires du Bus de Nuit qui m’en apportent de temps à autre.»
« Certainement un souvenir gustatif lointain du temps où j’habitais en appartement. Je me rappelle vaguement que la famille qui y vivait s’était soudainement retrouvée à la rue et m’avait abandonné » nous dit-il.
Kebab sent l’arrivée du Bus de Nuit et si quelques autres canidés rôdent dans le coin, Kebab n’hésite pas une seconde à défendre son territoire, pas question de partager, les pâtés aux cornichons c’est pour lui.
Alexeï conclut : « Lorsque le climat est particulièrement hostile et que je n’ai trouvé aucun abri digne de ce nom, avec Kebab nous nous recroquevillons dans quelques trous, blottis l’un contre l’autre, nous nous réchauffons au mieux que nous pouvons. »